Alexandra MorinHommage
Vol Jo
(Pour toi, qui ne parlais presque plus, mais qui savais tout dire.)
Jo s’est envolée.
Doucement, comme elle a vécu les derniers temps : en silence, mais pas sans amour.
Elle est partie comme une chanson de Goldman qu’on n’a pas envie de finir. Celle qu’on remet encore, même si on connaît chaque mot par cœur.
Quand je l’ai rencontrée, je croyais que c’était une fille timide.
Et puis j’ai compris : c’était une fille forte, qui ne voulait pas déranger. Une fille abîmée, mais jamais éteinte.
Une fille qui, même quand son corps disait non, continuait à dire oui à la vie.
Jo, c’était une voix qu’on entendait avec les bras.
Elle ne parlait plus, non.
Mais elle serrait. Fort. Comme si elle avait peur qu’on s’échappe.
Et dans ses étreintes fragiles, il y avait tout ce qu’on cherche dans les mots : de l’amour, de la reconnaissance, de la tendresse pure.
Elle avait affronté bien plus qu’on ne devrait avoir à porter.
Et malgré tout, elle dansait. Elle faisait la fête. Sans voix, avec le sourire.
Aujourd’hui, Jo a quitté la fatigue.
Elle a posé ce corps trop usé.
Elle a fermé doucement les yeux sur les douleurs, pour les rouvrir ailleurs — peut-être dans un endroit où Jean-Jacques Goldman chante pour elle, rien que pour elle.
Jo, tu étais fine comme un fil de lumière.
Et pourtant, tu nous as tenus debout.
Tu étais presque silence, mais tu faisais tant de bruit dans nos cœurs.
Alors vole.
Pas loin, pas trop haut. Juste assez pour que tu sois libre.
Juste assez pour qu’on puisse encore t’aimer, d’ici.